La nécessité d’une santé mentale adaptée
Les approches thérapeutiques traditionnelles de la santé mentale sont majoritairement basées sur des cadres occidentaux, souvent inadaptés aux réalités et aux cultures des Africains et Afrodescendants. Cette inadéquation peut mener à des diagnostics erronés, des traitements inefficaces et un sentiment de déconnexion face aux systèmes de santé. Aujourd’hui, la décolonisation de la santé mentale vise à adapter les soins pour mieux répondre aux besoins de ces communautés, en intégrant des éléments culturels et historiques propres aux expériences des individus.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les Afrodescendants et les populations africaines, dans les pays à majorité blanche, font face à des taux de stress, d’anxiété et de dépression significativement plus élevés, mais accèdent moins souvent à des soins adaptés. Aux États-Unis, par exemple, près de 33 % des Afro-Américains signalent un besoin d’assistance psychologique et 16 % y accédant mettent en lumière l’urgence d’adapter les soins à des réalités culturelles et historiques distinctes.
Héritage colonial et santé mentale
- Comprendre l’héritage colonial et ses impacts sur la santé mentale
La colonisation a façonné les systèmes de santé de nombreux pays africains, imposant des standards occidentaux et des conceptions de la psychologie souvent en décalage avec les traditions locales. Cette empreinte coloniale persiste dans les modèles de soins, créant des obstacles pour les Africains et Afrodescendants qui recherchent des soins psychologiques respectueux de leur culture.Par exemple, au Ghana, des experts estiment que jusqu’à 60 % des patients africains sont confrontés à des traitements de santé mentale peu adaptés . Les coafrodescendantes aux États-Unis ou au Royaume-Uni évoquent, quant à elles, des stéréotypes négatifs associés aux troubles mentaux, renforçant la méfiance vis-à-vis des soins de santé mentale. - Les défis et exemples de solutions
- États-Unis et Royaume-Uni : Dans ces pays, les Afrodescendants rencontrent souvent des biais raciaux dans le diagnostic et le traitement. Les thérapeutes peuvent interpréter certains comportements ou expressions émotionnelles comme des signes de pathologies, là où d’autres groupes seraient perçus différemment. Cette situation peut mener à des traitements inappropriés, voire à une surmédication.
- Afrique du Sud : Ici, la « psychologie décoloniale » émerge comme un mouvement qui vise à adapter la thérapie aux besoins des populations locales en prenant en compte leur histoire coloniale. Des thérapeutes travaillent pour promouvoir des pratiques plus inclusives, comme les cercles de parole ou les approches de guérison communautaire, qui font appel à des traditions africaines de soutien collectif.
- Nigéria : Le modèle de soins communautaires est privilégié, où des initiatives locales forment des « assistants de santé mentale » au sein des communautés pour répondre aux besoins immédiats des personnes en souffrance psychologique. Ce modèle a prouvé son efficacité dans les zones rurales et marginalisées.
- Projets et initiatives de décolonisation des soins
Dans le monde entier, des programmes visent à former des praticiens de santé mentale sur les enjeux de diversité et de décolonisation des soins. Aux États-Unis, l’organisation Black Emotional and Mental Health Collective (BEAM) offre des formations en santé mentale adaptées aux Afrodescendants et sensibilise les praticiens sur la reconnaissance des biais raciaux. Au Canada, les thérapeutes sont encouragés à adopter des approches interculturelles en collaboration avec des leaders communautaires pour favoriser une meilleure intégration des soins.
Vers un futur inclusif pour la santé mentale
La décolonisation de la santé mentale est cruciale pour combler les lacunes d’un système de soins souvent inadapté aux réalités des Africains et Afrodescendants. Une approche qui reconnaît et intègre les spécificités culturelles, historiques et communautaires peut non seulement améliorer la qualité des soins, mais aussi renforcer la confiance des individus dans le système de santé mentale.
Appel à l’action : Que ce soit par le soutien aux initiatives de santé mentale communautaires, la formation des professionnels ou l’investissement dans la recherche sur les effets des traumas coloniaux, il est essentiel de promouvoir une santé mentale inclusive et adaptée. À terme, cette démarche pourrait transformer en profondeur les soins et le bien-être des communautés africaines et afrodescendantes.