Les maladies non transmissibles, comme l’hypertension et le diabète, prennent aujourd’hui une ampleur inquiétante en Afrique. Autrefois considérées comme des maladies des pays développés, elles affectent désormais des millions d’Africains, et leur progression rapide pose des défis majeurs aux systèmes de santé. Le coût de la prise en charge de ces maladies est lourd pour les familles et les communautés, sans compter l’impact sur la productivité des personnes touchées. Mais comment l’Afrique peut-elle relever ce défi croissant ? Quels obstacles subsistent, et quelles solutions émergent ?

« Dans mon village, j’ai vu plusieurs personnes perdre la vue à cause du diabète, raconte Fatou, une mère de famille vivant à Ouagadougou, au Burkina Faso. Avant, personne ne connaissait cette maladie. Maintenant, on en entend parler partout. »

L’Hypertension et le Diabète : Une Double Menace Silencieuse

L’hypertension, souvent surnommée « le tueur silencieux », affecte des millions d’Africains, bien qu’elle ne présente souvent aucun symptôme. Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 46% des adultes en Afrique sont hypertendus, mais beaucoup l’ignorent jusqu’à ce que surviennent des complications graves comme les accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Le diabète, lui, affecte environ 24 millions de personnes en Afrique, et le nombre de cas ne cesse de croître, notamment en raison des changements alimentaires et de la sédentarité. « Quand j’ai appris que j’avais du diabète, j’étais choqué, explique Amadou, un commerçant de Bamako. Dans ma famille, personne ne m’avait jamais parlé de cette maladie. Maintenant, je dois surveiller tout ce que je mange et acheter des médicaments tous les mois. »

Les Défis de la Détection et de la Sensibilisation

Un des grands défis de la prise en charge de l’hypertension et du diabète en Afrique réside dans le manque de dépistage précoce. Dans de nombreuses régions rurales, les centres de santé sont éloignés, ce qui rend difficile l’accès aux tests de base pour mesurer la tension artérielle ou le taux de glycémie. Par conséquent, de nombreuses personnes découvrent leur maladie à un stade avancé, lorsque des complications sont déjà apparues.

Pour pallier ce manque de dépistage, des initiatives locales voient le jour. En Afrique du Sud, le gouvernement a lancé un programme de dépistage de masse qui se rend dans les quartiers populaires et les zones rurales. Des volontaires locaux reçoivent une formation pour mesurer la tension artérielle et le taux de sucre dans le sang, permettant de détecter précocement des cas d’hypertension et de diabète.

« Le dépistage est crucial, explique le Dr Leila Mbeki, médecin en Afrique du Sud. Plus nous détectons la maladie tôt, mieux nous pouvons la traiter et éviter les complications. Nous voulons que le dépistage devienne aussi courant que les vaccinations. »

La Charge Financière de la Prise en Charge

Le traitement de l’hypertension et du diabète représente un coût significatif pour les patients et leurs familles, surtout dans les zones où l’accès aux soins gratuits est limité. Dans de nombreux pays africains, le prix des médicaments antihypertenseurs et antidiabétiques est élevé et représente un fardeau pour les ménages modestes. Des patients renoncent souvent à acheter leurs médicaments, faute de moyens financiers, ce qui aggrave leur état de santé.

Au Kenya, certaines ONG, comme « Access to Medicine », travaillent pour fournir des médicaments à prix réduit dans les zones rurales. « Ces médicaments coûtent cher pour beaucoup de gens ici, déclare Jacinta, infirmière dans un village au nord de Nairobi. Grâce à cette aide, nous pouvons offrir une solution aux personnes qui doivent faire des choix entre acheter des médicaments et nourrir leur famille. »

Vers une Prise en Charge Durable : Les Solutions Locales et Globales

Pour répondre à ce défi de santé publique, des solutions locales émergent en Afrique. Certaines communautés développent des programmes de sensibilisation, utilisant la radio, les affiches, et des réunions communautaires pour informer les populations sur les risques de l’hypertension et du diabète. Dans les écoles, des cours de nutrition et de santé sont intégrés aux programmes pour apprendre aux jeunes à adopter des modes de vie sains dès leur plus jeune âge.

À un niveau global, des partenariats entre les gouvernements africains, l’OMS et des organisations internationales visent à rendre les traitements contre le diabète et l’hypertension plus abordables. L’objectif est d’augmenter l’accès aux soins, d’encourager les populations à se faire dépister, et de promouvoir une alimentation plus saine. « La collaboration est essentielle pour faire face à ces maladies, déclare Dr. Ousmane Sarr, représentant de l’OMS au Sénégal. Nous devons travailler ensemble pour apporter des solutions durables et accessibles à tous. »

Un Défi à Relever Ensemble

L’hypertension et le diabète sont des maladies chroniques dont l’Afrique ne peut plus ignorer la montée en puissance. La solution réside dans une prise en charge globale, incluant la sensibilisation, la prévention, le dépistage et l’accès aux traitements. Avec une approche collaborative et des actions à tous les niveaux, il est possible de freiner cette épidémie silencieuse et d’offrir un avenir plus sain aux populations africaines.

Pour Fatou, Amadou, et des millions d’autres Africains, l’accès aux soins et à une information adéquate pourrait faire la différence entre une vie en bonne santé et des complications invalidantes. L’avenir de la santé en Afrique dépend de l’engagement de tous pour combattre cette menace ensemble.

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