Lutter contre les maladies cardiovasculaires : une priorité pour la santé des africains

Longtemps considérées comme les maladies des pays riches, les affections cardiovasculaires ; crises cardiaques, accidents vasculaires cérébraux (AVC), hypertension ; connaissent aujourd’hui une progression alarmante en Afrique. Urbanisation rapide, changements alimentaires, sédentarité et stress du mode de vie urbain en sont les principaux moteurs. Mais au-delà des conséquences physiques, cette épidémie silencieuse a aussi un impact profond sur la santé mentale des individus et des familles touchées.

une épidémie en pleine expansion

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies cardiovasculaires sont responsables d’environ 11 % des décès en Afrique, un chiffre en hausse constante. Les principaux facteurs de risque ; hypertension, obésité, diabète, tabagisme ; deviennent courants, notamment dans les villes.

« Nous avons vu un nombre croissant de jeunes adultes avec des problèmes cardiaques, déclare le Dr Mbele, cardiologue au Kenya. Le stress du quotidien, l’alimentation riche en graisses et le manque d’activité physique contribuent tous à ce problème. »

Le phénomène touche aussi les zones rurales, où de plus en plus de jeunes adoptent un mode de vie urbain sédentaire. La maladie ne fait pas de distinction entre les classes sociales et bouleverse les familles, souvent démunies face à un diagnostic lourd.

l’impact psychologique : quand le cœur pèse sur l’esprit

Les maladies cardiovasculaires ne se limitent pas au corps ; elles pèsent lourdement sur la santé mentale. Être atteint d’une maladie chronique, souvent incurable sans traitement régulier, provoque anxiété, peur et dépression.

Fatoumata, une veuve de Conakry, confie :
« Mon mari est mort d’une crise cardiaque à 52 ans. Nous pensions que ces choses-là n’arrivaient qu’aux autres. Depuis, j’ai peur pour mes enfants, j’ai l’impression que la maladie rôde autour de nous. »

Chez les patients, la peur de la rechute, la culpabilité liée au mode de vie et la fatigue chronique entraînent souvent une perte de confiance en soi et une détérioration de la qualité de vie.
Une étude de la Société africaine de cardiologie a montré que près d’un patient cardiaque sur trois présente des symptômes dépressifs, souvent non diagnostiqués ni traités.

le poids du manque d’accès aux soins

Dans de nombreux pays africains, les tests de dépistage et les soins préventifs restent limités. Le coût des médicaments et la rareté des spécialistes aggravent la détresse psychologique des patients.

« Nous allons vers les gens pour les sensibiliser, explique Chinedu, infirmier au Nigeria. Beaucoup ignorent qu’ils sont hypertendus, et certains ne peuvent pas se soigner faute d’argent. »

Cette situation crée un sentiment d’impuissance et de désespoir ; certains patients abandonnent leur traitement, d’autres se tournent vers des méthodes traditionnelles, non par choix mais par nécessité.
Le stress financier lié aux soins devient lui-même un facteur de risque cardiovasculaire supplémentaire ; un cercle vicieux entre la santé physique et mentale.

la prévention : soigner le corps et l’esprit

Face à cette double crise, les campagnes de prévention s’élargissent pour inclure la santé mentale. Des programmes communautaires encouragent non seulement une alimentation saine et l’activité physique, mais aussi la gestion du stress et le soutien psychologique.

Au Sénégal, la campagne Cœur en Santé sensibilise les jeunes aux liens entre émotions et santé cardiaque : « Un cœur en paix est un cœur en bonne santé », rappelle Mariama, animatrice du programme.
Au Ghana, certaines écoles incluent désormais des cours de relaxation et d’éducation émotionnelle dans leurs programmes de santé.

repenser la santé : une approche intégrée

Pour faire face à la montée des maladies cardiovasculaires, l’Afrique doit adopter une approche intégrée, combinant prévention médicale, accompagnement psychologique et soutien social.
Les autorités sanitaires, les ONG et les communautés locales ont un rôle clé à jouer pour briser le silence autour de la souffrance mentale des malades chroniques.

Comme le résume le Dr Mbele :

« Traiter le cœur sans écouter la détresse du patient, c’est oublier que la santé, c’est aussi l’esprit. »

Les maladies cardiovasculaires représentent aujourd’hui en Afrique une menace à la fois physique et psychologique. Leur progression rapide révèle les inégalités d’accès aux soins, mais aussi la nécessité d’une approche plus humaine de la santé.
Prévenir ces maladies, c’est non seulement protéger le cœur, mais aussi préserver la sérénité et la dignité de millions de personnes.

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