Dans les ruelles animées d’Abidjan, au cœur des campagnes du Ghana ou encore dans les quartiers populaires de Lagos, un ennemi silencieux se répand : les maladies chroniques. Jadis moins répandues en Afrique, des affections telles que le diabète, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires sont aujourd’hui en nette augmentation. Pourquoi un tel changement ? Et surtout, comment les Africains peuvent-ils réagir face à ce défi ?

« On a grandi en pensant que le diabète et l’hypertension, c’était pour les gens en Europe ou aux États-Unis, raconte Koffi, 52 ans, un commerçant de Cotonou. Aujourd’hui, dans mon quartier, on voit de plus en plus de gens comme moi avec ces problèmes de santé. On se demande ce qui a changé. »

Un Mode de Vie qui Évolue

À bien des égards, l’urbanisation rapide et les changements dans les habitudes de vie jouent un rôle clé dans cette explosion des maladies chroniques. Autrefois majoritairement actif physiquement, nombre de travailleurs africains sont désormais employés dans des bureaux, où la sédentarité devient la norme. « Je passais mes journées à marcher pour livrer des colis, explique Mamadou, 28 ans, livreur à Dakar. Mais depuis que j’ai un scooter, je me rends compte que je ne bouge presque plus. Mon médecin m’a dit que je devais reprendre la marche pour éviter des problèmes de santé. »

Les changements alimentaires sont aussi une source d’inquiétude. En effet, avec l’importation massive de produits transformés, les plats traditionnels riches en légumes et céréales sont souvent remplacés par des produits industriels. « Avant, on mangeait surtout ce qu’on cultivait, des légumes frais, du poisson, confie Fatoumata, mère de trois enfants à Bamako. Mais aujourd’hui, les jeunes préfèrent la “junk food”, et ça coûte moins cher que les légumes frais. »

La Prise de Conscience et les Initiatives Locales

Face à ce défi grandissant, des initiatives de prévention commencent à émerger. Dans certains quartiers de Nairobi, par exemple, des centres communautaires organisent des sessions sportives gratuites chaque semaine pour encourager la population à bouger. « Je participe à ces cours d’aérobic depuis six mois, et ça change tout, dit Amina, une vendeuse de rue. Avant, je ne me rendais même pas compte que l’exercice pouvait aider. Je me sens beaucoup mieux, et j’ai même perdu quelques kilos. »

De même, des campagnes de sensibilisation aux dangers du diabète et de l’hypertension sont organisées dans des villes comme Accra et Kinshasa. Ces campagnes, souvent financées par des ONG ou en partenariat avec les autorités locales, visent à informer le public des signes avant-coureurs de ces maladies et de l’importance des contrôles réguliers. « Les gens doivent savoir que la santé, ce n’est pas juste l’absence de maladie, mais un entretien permanent, affirme le Dr Michael Osei, un médecin ghanéen impliqué dans la sensibilisation au diabète. On leur apprend qu’une simple promenade quotidienne peut faire une grande différence. »

Des Obstacles à Surmonter

Malgré ces initiatives, les défis restent nombreux. Dans les zones rurales, où l’accès aux soins et aux infrastructures est limité, il est difficile de mettre en place des programmes de prévention. « Pour beaucoup ici, aller voir un médecin, c’est le dernier recours, explique Lydia, infirmière dans un village du Burkina Faso. Les gens attendent d’être très malades, alors qu’ils pourraient éviter bien des problèmes en faisant des examens réguliers. »

Le manque de moyens financiers et de soutien gouvernemental freine aussi les efforts de prévention. Les infrastructures de santé publique, déjà débordées, peinent à répondre aux nouveaux besoins de prise en charge de maladies chroniques.

Construire un Avenir en Meilleure Santé

Alors, que faut-il faire ? Pour beaucoup, la clé réside dans une prise de conscience collective. En sensibilisant chaque individu, chaque famille et chaque communauté, il est possible de créer un changement durable. Comme le dit si bien le Dr Osei : « La santé est entre les mains de chacun. Il suffit parfois de quelques ajustements dans le quotidien pour éviter bien des souffrances. »

De Cotonou à Nairobi, en passant par les campagnes les plus reculées, la lutte contre les maladies chroniques s’intensifie. L’Afrique est face à un choix : investir dans la prévention aujourd’hui pour construire un avenir en meilleure santé demain.

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